Stop! Why, when and how to no longer be an artist

Lili Reynaud-Dewar

Récemment, un certain nombre d'ingénieurs, d'agriculteurs industriels, d'analystes financiers, de personnes issues de différents domaines professionnels et de différentes générations ont rendu public leur départ de leur domaine d'expertise et de leur formation, pour des raisons politiques et écologiques. La démission est devenue un geste fort, proche d'une tendance. Mais qu'en est-il de l'art ? Est-ce une profession que l'on peut quitter ? Peut-on démissionner ? Et s'agit-il d'un métier tout court, pour commencer ? Pourtant, des artistes ont cessé d'être des artistes et de faire de l'art, plus ou moins depuis que l'art existe en tant que domaine professionnel organisé, et pour un grand nombre de raisons : économiques, politiques, idéologiques, en raison d’un manque de reconnaissance, ou pour des problèmes personnels ou systémiques.

Alors, qui sont ceux qui décident de ne plus être artistes, pour quelles raisons prennent-ils une autre direction, et que font-ils après l'art ? Quelle est leur histoire après l'art ? Et aussi : sur quoi basons-nous notre recherche, si notre sujet a décidé de disparaître du domaine public de l'art ?

D'un point de vue méthodologique, ce Lab.Zone s'inscrit dans la continuité du Lab.Zone initié en 2022-2023, Bzzz Bzzz Bzzz, qui était une enquête, sous forme de conversations et d'entretiens, sur l'histoire du Work.Master et de ses étudiants. Suite à la disparition d'une bonne partie des archives du Work.Master, l'idée était d'écrire une histoire orale du Work.Master à travers des rencontres, des conversations, des anecdotes et des ragots.

Cette fois-ci, nous rencontrerons et discuterons avec d'anciens étudiants qui ont pris une direction complètement différente de celle pour laquelle ils avaient été formés à HEAD et qui ont décidé de quitter l'art. Nous naviguerons aussi constamment entre notre histoire locale (celle de la HEAD et de Genève) et une histoire de l'art plus large, à travers des lectures et des conversations menées avec des chercheurs, des historiens de l'art, des théoriciens et des artistes ou ex-artistes pour discuter de ce thème de la disparition volontaire, ou involontaire.

Nous travaillerons résolument, de manière non exhaustive, à partir d'études de cas, d'histoires de l'art et de rencontres :

  • Lee Lozano et sa pièce " Drop Out piece " à travers le livre éponyme que Sarah Lehrer Graiwer lui a consacré.

  • Jack Goldstein, à travers le livre d'archives orales " Jack Goldstein and the CalArts Mafia ", avec comme invitée l'historienne de l'art Catherine Chevalier (qui a enseigné au Work.master il y a quelques années) et auteur du livre Richard Hertz.

  • Nye Farrabas, Charlotte Posenenske et d'autres femmes artistes, à travers "Les déserteuses", le livre d'autofiction que Johana Banc (ancienne étudiante du work.master) a consacré à cette figure "disparue" du mouvement Fluxus.

  • Chris Korda, musicienne trans et icône du mouvement techno qui a disparu de la scène musicale pendant près de 15 ans, discutera de ses motivations.

  • Aleksandra Mir, qui a récemment décidé de quitter Londres et ses activités artistiques pour rejoindre une communauté aux îles Canaries, sera également en conversation avec nous.

  • Et bien d'autres encore à définir ensemble, organiquement, avec le groupe.

Notre méthode préférée restera principalement l'oralité : entretiens, conversations et échanges, toutes choses très précaires et volatiles, également sujettes à disparaître et à être oubliées rapidement. Nous approfondirons cette méthode particulière de l'histoire orale à travers des livres et des films. Nous nous réunirons deux fois par mois avec des invités, des livres et des échanges à l'intérieur et à l'extérieur de l'école.

Dans le cadre de Décoloniser des identités
Ce Lab.Zone se déroule en français et en anglais. Les cours sont crédités en fonction de l'assiduité et de la participation.