Miroir Miroir, ciné-club féministe, la suite

On dit souvent que le cinéma est un miroir (du monde, de la société, d’une époque). Il peut aussi être le miroir de la vie d’un.e réalisateurice, qui représente dans ses films ses ami.e.x.s, ses ennemi.e.x.s, sa vie quotidienne et ses aspirations, ses combats. Le cinéma est, par nature, collaboratif : on travaille en groupe, avec une équipe, des acteurices, des technicien.ne.x.s. Et le cinéma est une expérience collective mystérieuse, il se regarde dans une salle noire, projeté en grand, avec plusieurs inconnu.e.x.s ou ami.e.x.s, venu.e.x.s là pour voir ensemble la même chose. Voilà trois ou quatre idées posées.

Miroir Miroir est un ciné-club qui projette un cycle de films hétérogènes, reçoit parfois des invité.e.x.s. Le point commun de tous ces films est d’avoir été fait par des réalisateurices femmes ou non-binaires, qui ont travaillé avec leurs acteurices ou les sujets de leurs films de façon très étroite, complice, au point qu’on peut affirmer que ce sont des collaborations à part entière, entres les actrices (sujets ou interprètes) et les auteurices du film.

Les rôles se brouillent. Le sujet, l’interprète deviennent co-auteurices de ces films. Et les films à leur tour brouillent les pistes : ils mettent en scène des personnages féminins ou non-binaires qui échappent aux stéréotypes, qui refusent les rôles tout faits, ou alors des personnages qui se réapproprient les stéréotypes, les parodient, les caricaturent, etc... Parfois ces films échappent à leurs auteurices : ils ne vont pas exactement dans la direction prévue, ils sont dans une forme de collectivité, d’improvisation. C’est à ces relations de travail, de complicité, de confiance et d’expérimentation, de bouleversement qu’on s’intéressera. Ce fameux « travail en miroir ».

Pour l’année 2025-2026, on se concentrera sur la manière dont les femmes artistes ou artistes non binaires sont représentées par des réalisateurices femmes ou non binaires, ou par des collectifs (ou des expériences collectives de direction d’acteurices). Qu’elles soient fictionnelles ou incarnées dans le réel, bonnes ou mauvaises artistes, musicien.ne.x.s, peintres, écrivaines, photographes, performeuses, désœuvrées ou débordées, ces femmes artistes s’incarnent dans des documentaires, des comédies musicales, des saynettes, des films expérimentaux, etc. etc.

Avec Miroir Miroir on se retrouve pendant une ou deux longs après-midis par mois, de 14h00 à 20h00, pour voir et commenter ensemble des films. C’est un ciné-club où l’on passe du temps ensemble dans le noir, silencieux.e.s, assis dans des canapés, à regarder la même chose au même moment. Et c’est un ciné-club où, après le visionnage en silence, on parle ensemble de ce que l’on a regardé, et où, petit à petit on dresse une galerie de personnages, de situations, de genres, de méthodes.

Le son des films, les dialogues et nos discussions seront une matière. Nous produirons un petit fanzine à partir de notre ciné-club : les sons des séances seront archivés et utilisés comme une matière pour faire quelque chose, avoir une trace, un souvenir à fabriquer ensemble, l’envers du décor : l’autre côté du miroir de Miroir Miroir.